Une écoute libérée, libérante
Ce qui frappe en premier, c’est l’élégance naturelle de l’ensemble. Aucune tension dans les timbres, aucun effet de manche. Une image sonore ample, ancrée, texturée, d’où émergent les instruments et les voix avec un réalisme déconcertant.
Mais surtout, ce sentiment de lâcher prise.
On n’écoute plus un système, on ne cherche plus les défauts, les qualités, les performances. On s’abandonne à la musique. Et ce fut bienvenu.
Mes albums de ce week-end
Thomas Hammes – Concertos de Corelli – Brilliant Classics
Dès les premières notes, la trompette de Thomas Hammes s’élève comme une prière lumineuse, d’une justesse de ton remarquable. Loin de tout éclat artificiel, elle respire avec les cordes, fusionne avec le continuo. Les EQaudio EQ6 parviennent à restituer cette délicate dynamique baroque avec une fluidité rare, sans jamais « projeter » le soliste, mais en le laissant flotter, mobile et crédible, au cœur d’une scène sonore d’une profondeur inattendue.
Le discours musical se fait clair, articulé, chaque attaque d’archet possède sa texture propre, et les résonances naturelles de l’église où l’enregistrement fut réalisé sont reproduites avec un naturel confondant. On ne cherche plus l’enceinte, on suit la trompette.
Westminster Cathedral Choir – Mortuus est Philippus Rex – Hyperion
Changement de climat. Changement d'époque. Mais même évidence.
Dès les premières inflexions du chœur, on comprend que ce système a ce rare talent : faire exister le silence. Celui qui entoure la musique, celui qui donne sa respiration au mystère.
L’enregistrement, somptueux, met en lumière les voix des choristes de la Westminster Cathedral dans une œuvre bouleversante, funèbre sans être pesante, sacrée mais profondément humaine.
Les EQaudio EQ6 et ses compagnons ne cherchent pas à surjouer la réverbération : elles la laissent vivre, elles l’accueillent. Le caisson Velodyne agit en serviteur discret, venant soutenir les fondements harmoniques sans jamais les alourdir.
La musique s'élève, s'amplifie, se rétracte, comme un souffle collectif.
Anthony Pleeth & Christopher Hogwood – Sonates pour violoncelle de Marcello – L’Oiseau Lyre
Retour à l’intimité. L’austérité italienne de Marcello trouve sous les doigts d’Anthony Pleeth (violoncelle baroque) et de Christopher Hogwood (clavecin) une poésie sobre et vibrante.
Le Leema Tucana II Anniversary fait merveille ici : son contrôle, sa finesse, sa capacité à restituer la dynamique des micros-transitoires, permettent de suivre la ligne du violoncelle jusque dans ses plus délicates inflexions. L’archet semble caresser la corde, et les harmoniques prennent leur temps pour s’épanouir dans l’espace.
Chaque respiration devient palpable, chaque silence devient signifiant. On n’écoute plus des notes, on suit un geste musical, une pensée, un phrasé.
John Helliwell – Don’t Ever Leave Me – Challenge Records
Pour terminer cette parenthèse enchantée, je me suis offert une relecture inattendue des années Supertramp. John Helliwell, ancien saxophoniste du groupe, revient ici en quartet de jazz, avec un recueil sobre et inspiré.
On redécouvre quelques thèmes connus, dépouillés, retravaillés comme des standards intimes. La prise de son est chaude, organique, le saxophone respire comme une voix humaine, et le piano vient le soutenir avec une délicatesse de velours.
Le système mis en place restitue cette ambiance feutrée avec une maîtrise sans artifice : on entend le bois, la salive, les soupirs du pupitre, la main qui effleure les touches. La musique ne sort pas des enceintes, elle naît dans la pièce.
Conclusion
Ce week-end, j’ai compris à quel point il est précieux de pouvoir simplement écouter la musique pour ce qu’elle est : un art de la présence, un dialogue avec l’intime.
Et ce système, sans forcer le trait, m’a permis de m’extraire de mes habitudes lors de ces dernières semaines (c'est toujours ainsi lorsque de nouvelles découvertes investissent Opus 51) d’écoute analytique. Il m’a tendu la main, et je l’ai suivie.
Venez l’écouter. Venez vous offrir, vous aussi, une respiration.
Vous n’y trouverez pas un monstre de démonstration.
Mais vous y trouverez, peut-être, un compagnon d’émotions.
Système écouté :
- enceintes acoustiques EQaudio EQ6 (tarif 9.000 € ttc la paire)
- subwoofer Velodyne VI-Q10 (tarif 1.800 € ttc)
- amplificateur stéréo intégré Leema Tucana II Anniversary : https://www.opus51.net/amplificateur/leema-tucana-ii-anniversary-edition.html
- Sreamer-convertisseur (DAC) Eversolo DMP-A8 : https://www.opus51.net/dac-lecteurs-reseaux/eversolo-dmp-a8.html
- Câbles Albedo Silver gamme Flat One : https://www.opus51.net/manufacturer/albedo.html