jeudi, 15 janvier 2015 10:14

La Philharmonie de Paris

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Philharmonie de Paris
A propos de la nouvelle Philharmonie de Paris qui, pour un coût (exorbitant ?) de 400 millions d'euros, vient d'être inaugurée malgré la non fin des travaux, ou comment remplir une salle de 2400 places aujourd'hui ?

"Le sociologue Stéphane Dorin, de l’université de Limoges, a piloté entre 2012 et 2014 une étude sur « les publics de la musique classique vivante », dont les résultats ont été analysés lors d’un colloque sur « la musique classique et ses publics à l’ère numérique », à l’occasion du Salon Musicora, du 4 au 6 février. Il a précisé que l’âge médian des spectateurs de musique classique s’élève à 61 ans. Il ne fait aucun doute pour lui que le vieillissement s’accélère et que la jeunesse regarde le domaine de la musique savante comme « un repoussoir », sauf là où la bourgeoisie renonce à « la maîtrise des espaces sociaux de cet art », c’est-à-dire loin du centre-ville, dans des festivals d’été en particulier.

Le sommet de l’État ne donne plus le “la”. Si le personnel politique fait encore mine d'en pincer pour le livre, sa nullité crasse ne fait pas un pli en matière musicale. Alors qu’Angela Merkel assistait au concert de la Saint-Sylvestre à la Philharmonie de Berlin, quel est le dernier président de la République à s’être intéressé à la musique ? Georges Pompidou, qui invita Pierre Boulez à dîner en 1969, pour lui proposer la fondation de l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique)…

La musique est une expérience collective, qui ne connaît en France que des trajectoires individuelles. Les musiciens apprennent à jouer comme s’ils seraient un jour solistes, plutôt que de se fondre dans une pâte sonore. Et le public n’a pas, comme en Grande-Bretagne, de l’école au Proms de Londres, la possibilité de vivre des moments récurrents de communion mélodieuse. Il n’y a pas de maillage musical en France. Un chiffre l’explique : 40 millions d’euros sont consacrés à l’éducation culturelle et artistique. Soit le budget annuel de la Philharmonie de Paris, qui pour sa part a donc coûté dix fois cette somme !

Certains chercheurs estiment qu'en raison du numérique ayant bouleversé les pratiques culturelles, la Philharmonie de Paris, calquée sur celle de Berlin qui date de 1963, se révélera très vite comme un anachronisme somptueux, à ranger parmi les prodigieux échecs dont la France a le secret." (Mediapart - Antoine Perraud)
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