" Les lieder du Des Knaben Wunderhorn (« Le cor enchanté de l'enfant ») appartiennent au jardin secret de Gustav Mahler. Un mystère entoure leur composition, entre 1888 et 1901. Ne les ayant jamais conçus ni programmés comme un cycle intégral, selon un ordre et un nombre fixes, Mahler, qui les dirige au coup par coup, les engrange plutôt comme des semences, pour nourrir certains mouvements de ses symphonies. Et pourtant, une profonde unité organique soude cette douzaine de tableaux de la vie populaire, inspirés de contes médiévaux. « Leur dénominateur commun, c'est le rêve », proclame Philippe Herreweghe. A la tête de son Orchestre des Champs-Elysées, il en signe une version à la fois incisive et suavement onirique, épurée et méticuleusement fouillée : une révélation ! « Je dirige la musique de Mahler comme celle de Bach », proclame le chef belge. En veillant à l'efflorescence translucide de la polyphonie comme au kaléidoscope chatoyant des timbres. Sur leurs instruments d'époque, les musiciens de son orchestre ne sont pas en reste, les deux chanteurs à la diction affûtée non plus. Loin de dissiper toute ambiguïté, leur précision renforce au contraire l'ambivalence affective de ces lieder. En effet, humour juif et ironie viennoise rongent cet univers faussement naïf où la joie n'affranchit pas du désespoir, ni l'amour de la solitude. Les marches militaires s'y désagrègent en marches funèbres, les hallalis de cuivres en sonneries aux morts. Une évidence s'impose : cette musique vénéneuse prophétise le monde déglingué et cruel du Wozzeck d'Alban Berg. Et plus que jamais le nôtre." Gilles Macassar (Télérama 2006)
Qualité Enregistrement : 4.5/5
S. Connolly, mezzo-soprano
D. Henschel, baryton
Orchestre des Champs-Elysées
P. Herreweghe, direction
Harmonia Mundi 2006
Qualités Artistiques : 5/5Qualité Enregistrement : 4.5/5