La richesse et la splendeur de la musique sacrée du baroque français, qui oscille entre une gravité ombragée et l’exubérance la plus spectaculaire, ont été amplement traitées et révélées, par Hervé Niquet et Le Concert Spirituel au long de leurs enregistrements,chez Glossa, consacrés à Marc-Antoine Charpentier. Mais Paris, Versailles et les grandes institutions religieuses de France n’étaient pas les seuls commanditaires de ces musiques intenses ; des petites villes comme Troyes ou Châlons-sur-Marne pouvaient aussi, à l’époque de Louis XIV, se glorifier d’avoir dans leurs cathédrales des maîtres de musique comme Pierre Bouteiller qui y composa une oeuvre d’une grande beauté, la Missa pro defunctis (1693) à cinq voix et accompagnement instrumental. Pour compléter la cérémonie religieuse pour laquelle Bouteiller composa cette Missa pro defunctis, d’autres pièces furent nécessaires : avec son flair et son expérience dans ce domaine, Hervé Niquet reconstruit le service en incluant non seulement le remarquable Stabat mater de Sébastien de Brossard (un admirateur précoce de Bouteiller), mais encore des versions instrumentales d’oeuvres de compositeurs encore moins connus aujourd’hui : Henri Frémart, Louis Le Prince et Pierre Hugard.
Avec une douzaine de voix d’hommes et un ensemble de cordes graves et orgue, Hervé Niquet recrée l’incroyable « son des cathédrales » de la France du XVIIe finissant.