mercredi, 22 janvier 2025 09:38

Mulidine Da Capo : le test

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Connaissez-vous cette étrange sensation qui vous étreint lorsque vous vous apprêtez à écouter un produit censé succéder à une véritable légende ? C'est précisément ce sentiment qui m'habitait en déballant les Da Capo, dernières nées des ateliers Mulidine. La tâche qui leur incombe est pour le moins intimidante : prendre la relève des Cadence, ces enceintes qui ont marqué de leur empreinte sonore tant d'auditoriums et de salons d'audiophiles avertis.


Pourtant, dès le premier regard, on devine que Mulidine n'a pas choisi la facilité d'une simple mise à jour. Plus compactes, plus modernes dans leur dessin, les Da Capo affirment d'emblée leur personnalité propre. Certes, elles conservent certains fondamentaux qui ont fait le succès de leur illustre aînée - le tweeter à ruban, le filtre mécano-acoustique - mais leur conception reflète une approche résolument contemporaine, depuis leurs membranes en composite high-tech jusqu'à leur ébénisterie aux lignes épurées.

Au fil de ces dernières semaines passées en leur compagnie, j'ai tenté de comprendre si cette évolution technologique et esthétique s'accompagnait d'une véritable révolution musicale. Ces nouvelles venues sont-elles à la hauteur de l'héritage dont elles sont porteuses ? C'est ce que nous allons découvrir ensemble.

 

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Mulidine une marque historique :

 

Dans le monde feutré de la haute-fidélité française, il existe des artisans qui, loin des tumultes du marketing de masse, façonnent le son avec la même dévotion qu'un luthier caresse le bois de ses violons. Mulidine est de ceux-là.

Fondée en 1981 par Marcel Rochet, musicien et pédagogue, cette maison française s'est forgée une réputation d'excellence dans l'univers des enceintes acoustiques haut de gamme. Chaque paire d'enceintes sortant de leurs ateliers raconte une histoire - celle d'une quête obstinée de la perfection sonore.

Les modèles Allegretto et Cadence, véritables signatures de la marque, illustrent parfaitement cette philosophie. Ces enceintes, avec leurs courbes harmonieuses et leurs finitions impeccables, ne sont pas de simples objets techniques - elles sont des instruments à part entière, capables de restituer la chaleur d'un violoncelle ou la subtilité d'une voix avec une fidélité confondante.

Dans leurs ateliers, point de production de masse : chaque enceinte est assemblée avec une minutie d'orfèvre, reflétant cet artisanat français qui privilégie la qualité à la quantité. C'est cette approche singulière qui a permis à Mulidine de se tailler une place de choix dans le panthéon des marques audiophiles les plus respectées.

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 Mulidine en 2025 :

Dans une nouvelle page qui s'écrit pour la prestigieuse maison Mulidine, l'année 2023 marque un tournant aussi inattendu que prometteur. Les rênes de cette institution de la haute-fidélité française sont désormais entre les mains expertes de Stéphane Catauro, virtuose des six cordes dont la sensibilité musicale résonne bien au-delà des scènes qu'il a foulées.

Ce n'est pas un hasard si ce guitariste d'exception a choisi de devenir le nouveau gardien du temple Mulidine. Qui mieux qu'un musicien accompli, dont les doigts ont fait vibrer tant de notes et dont l'oreille s'est aiguisée au fil des concerts, pour comprendre l'essence même de la reproduction sonore ? Sa décision de perpétuer l'héritage de Mulidine témoigne d'une ambition rare : celle de marier sa connaissance intime de la musique vivante à l'art délicat de la haute-fidélité.

Dans ce passage de témoin, on devine une continuité naturelle, presque évidente. Le musicien devient artisan du son, transformant sa compréhension viscérale de la musique en quête d'une reproduction toujours plus fidèle. C'est l'histoire d'une passion qui en rejoint une autre, d'un art qui en sublime un autre.

Sous la direction de Stéphane Catauro, Mulidine ne change pas simplement de capitaine - elle enrichit son ADN d'une nouvelle sensibilité musicale, promettant d'écrire un nouveau chapitre passionnant dans l'histoire de la haute-fidélité française.

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Mulidine Da Capo :

Les Mulidine Da Capo, héritières des mythiques Cadence, dévoilent sous leurs lignes élancées une architecture acoustique aussi sophistiquée qu'exigeante. Dans leur élégante silhouette se dresse une configuration MTM où deux médiums de 13 centimètres enserrent un tweeter à ruban AMT. Cette disposition, loin d'être un simple choix esthétique, participe à une cohérence temporelle et spatiale essentielle à la restitution musicale.

La technologie des membranes révèle toute l'expertise de Mulidine et de la société Audax dans le travail des matériaux composites. Les fibres de Carbone et de Kevlar, savamment entrelacées et comme figées dans leur danse par un gel polymère acrylique, donnent naissance à des membranes d'une légèreté stupéfiante, alliant rigidité extrême et amortissement optimal.
Le tweeter à ruban, véritable bijou technologique, repose sur un lit d'élastomère qui l'isole des vibrations parasites, lui permettant d'exercer son art avec une précision chirurgicale et une distorsion minimale.

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Dans les coulisses de cette performance acoustique, un filtre à déphasage minimum orchestre subtilement la répartition des fréquences, tandis qu'un câblage Audioquest Rocket 22 et des borniers en cuivre OFC pur assurent un acheminement immaculé du signal. L'ébénisterie, véritable prouesse technique, défie les ondes stationnaires par ses parois non parallèles, chacune bénéficiant d'un traitement antivibratoire spécifique.

La signature esthétique des Mulidine Da Capo marie tradition et modernité avec un insert en chêne massif personnalisable et des biseaux raffinés. La palette des finitions, riche de trois teintes standard - le blanc glacier immaculé, le noir Rochet dans ses déclinaisons mates ou brillantes, et le bleu Fontaine profond - s'ouvre à l'infini des possibles, illustration parfaite d'un artisanat français qui place l'individualité au cœur de sa démarche. Pour les puristes, une option de placage bois vient sublimer les flancs et le sommet de l'enceinte, couronnée d'une élégante baguette assortie en façade.

Chaque paire de Mulidine Da Capo incarne ainsi la rencontre entre une expertise acoustique pointue et un savoir-faire artisanal d'exception, promettant aux mélomanes une expérience sonore sur mesure.

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Caractéristiques :
 

Système bass-réflex
Sensibilité : 90 dB 2,83V 1m
Bande passante : 45 - 30 000Hz +/- 2dB
Impédance : 4 Nominale
Puissance : 50W nominale / 150W crête W
Dimensions :
     - Hauteur : 95 cm
     - Largeur : 17 cm
     - Profondeur : 25,6 cm

Poids : 20 kg l'unité

Finition standard : laquée (blanche ou noire)
Autres finitions : Placage bois en option (+500 €)

 

Tarif au 01-01-2025 : 4.900 ttc (la paire)

Lien vers notre boutique : Mulidine Dacapo

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LE TEST :

Les écoutes ont été réalisées dans une pièce d'un volume d' environ 80 m³. Ecartement des enceintes 2,00 m., distance du fauteuil 2,60 m.. Les enceintes sont à environ 0,80 m. des murs arrières et à 1,10 m des murs latéraux. Les électroniques sont installées sur un meuble Rogoz + plaques de découplage Rogoz Audio (2 Neodio Origine B2 sont positionnés dans l'auditorium).

Système en écoute :

Serveur Audio : Innuos Zen Mini mkIII + Phoenix USB
Source lecteur ou convertisseur : Marantz CD50n
Amplificateur : Leema Pulse IV - Neodio TMA - Denon PM3000
Enceintes : Mulidine Da Capo

Câbles pour enceintes : AlbedoSilver Flat One
Cable secteur : AudioQuest
Barrette Secteur : Isotek Elektra v5

 

Mon écoute :

Mulidine Da Capo : un prélude au sublime ?

Les élégantes et raffinées enceintes colonne Mulidine Da Capo ont trouvé refuge entre nos murs en ce doux mois de septembre 2024. Une arrivée que nous pourrions presque qualifier de symphonique, tant ces nouvelles venues ont su capter l’attention dès leurs premières notes. Nous avons eu l'insigne privilège d'accueillir l’un des tout premiers exemplaires de cette nouvelle référence, appelée à succéder aux légendaires Mulidine Cadence, couronnées par un Diapason d’Or en 2004, comme on reçoit un héritier prodige.

Si leur silhouette élancée évoque déjà une élégie visuelle, qu’en est-il de leur partition sonore ? Le maestro Stéphane Catauro, guitariste classique et pédagogue inspiré, a manifestement déployé tout son art pour ciseler ces enceintes avec une minutie quasi-bachienne. "La musique, c'est du bruit qui pense", disait Hugo : ici, elle semble surtout être du bois qui respire, du cuivre qui murmure et de l'âme en fusion.

Et comme toute bonne œuvre mérite son auditeur dévoué, j’ai pris mon plus beau mug pour un café des hauts plateaux éthiopiens – un nectar à la hauteur de l'expérience qui m’attendait.

Un voyage musical

Pour ouvrir ce bal sonore, un retour à l’essence : Youn Sun Nah et son album Reflet (2001). Une œuvre qui réinvente l'intime, bien avant ses collaborations plus modernes avec ACT Music. Chaque titre est une confession murmurée à l’oreille de l’auditeur, un entrelacs de folk, jazz et pop qui évoque tour à tour Joni Mitchell et Ella Fitzgerald, mais toujours avec une signature bien à elle.

Youn Sun Nah

Puis, cap sur l’Orient avec Chihiro Yamanaka et son lumineux Utopia (2018), une odyssée pianistique sous le prestigieux label Blue Note. La virtuosité de Yamanaka, soutenue par Yoshi Waki et John Davis, trouve son apogée dans des œuvres comme Hungarian Dance No.5 de Brahms, revisité avec une audace qui ferait sourire le compositeur lui-même. Une prouesse enregistrée dans les sanctuaires du son, Boomtown Studio et Sterling Sound.

Chihiro Yamanaka

Avant de rouvrir les portes d’Opus 51, il est déjà 14h, une escale baroque s’impose : les concertos pour clavecin de J. S. Bach, interprétés par Andreas Staier et le Freiburger Barockorchester. Ici, chaque note, chaque arpège semble chanter l’harmonie du XVIIIe siècle, tel un écho à ces mots de Nietzsche : "Sans musique, la vie serait une erreur"

Andreas Staier

17 h., La nuit s'étend doucement sur Reims, propice à une écoute méditative de Pétrouchka d’Igor Stravinsky. Sous la baguette de Charles Dutoit, le London Symphony Orchestra déploie un tableau orchestral d’une richesse foisonnante. Tamás Vásáry, au piano, ajoute une dimension lumineuse à cette œuvre qui oscille entre tendresse et malice, comme une marionnette animée d’une âme secrète.

Charles Dutoit

Mulidine Da Capo : des complices mélomanes au caractère affirmé

Alors, que dire des Mulidine Da Capo, si ce n’est qu’elles dépassent allègrement leur fonction d’enceintes pour devenir de véritables muses acoustiques, capables de transformer chaque écoute en une odyssée sonore ? Comme le disait Leonard Bernstein, "La musique peut nommer l’innommable et communiquer l’inconnu." Avec les Da Capo, cet inconnu prend des allures de terrain familier, riche et texturé, où chaque note se fait confidentielle et chaque silence, éloquent.

Lors de mes écoutes, une première évidence s’est imposée : ces enceintes sont généreuses. Non pas dans l’excès tapageur, mais dans cette façon savoureuse de distiller une écoute pleine et charnue. Les timbres, riches et définis, enveloppent l’auditeur comme un bon vieux vinyle de Kind of Blue : un classique intemporel, mais avec une touche de modernité. Ici, le bas-médium se tient fièrement, tandis que le haut grave s’avance sans timidité, donnant enfin à Mulidine une cure de vitalité loin des jeûnes austères des modèles passés.

Attention : terrain sensible !


Cependant, soyons clairs : la générosité des Da Capo a ses exigences. Comme une diva capricieuse, elles n’accepteront rien de moins qu’un amplificateur irréprochablement neutre et des câbles dignes de ce nom. Les électroniques galloises Leema Acoustics, par exemple, offrent un mariage des plus harmonieux, évitant tout excès pour révéler leur véritable potentiel. "Avec des partenaires comme ça, qui a besoin de Beethoven ?" aurait pu plaisanter Glenn Gould.

L’image sonore produite par ces colonnes s’étend avec une profondeur et une largeur qui ne révolutionneront peut-être pas votre perception spatiale, mais elles savent respecter scrupuleusement les enregistrements tout en apportant une touche chaleureuse dans le haut grave. Une qualité que beaucoup jugeront précieuse. Quant aux graves abyssaux, inutile d’aller chercher l’infra que leur fiche technique ne promet pas. Sous 45 Hz, elles déclinent poliment mais non sans élégance, sans jamais laisser l’impression d’une lacune gênante. C’est même avec un aplomb surprenant qu’elles délivrent une pression acoustique en basses fréquences à faire rougir certains modèles prétendument plus ambitieux.

Une personnalité attachante


Le haut du spectre, quant à lui, bénéficie d’un ruban flambant neuf, bien plus qualitatif que celui des anciennes Cadence. Fini les distorsions d’antan : place à une restitution subtile et cristalline, capable de faire ressortir les inflexions les plus fines, comme ce vibrato presque imperceptible dans Adagio for Strings de Barber.

Dans l’ensemble, les Mulidine Da Capo offrent une écoute délicieuse, à condition de leur offrir un écrin électronique digne de leurs ambitions. Elles ne pardonnent pas la médiocrité – un détail qui pourrait agacer les amateurs de compromis, mais qui séduira les puristes méticuleux. Certes, elles ne prétendent pas à une neutralité clinique, mais leur caractère "bon vivant" fait mouche : joyeuses, enjouées, elles parviennent à insuffler une vitalité à toutes les musiques, de Bach à Bowie.

Les Mulidine Da Capo sont comme ces artistes dont on tombe amoureux pour leurs défauts autant que leurs qualités. Un compagnon sonore à l’éloquence affirmée, capable de transformer une simple écoute en véritable rendez-vous musical. Après tout, comme le disait Duke Ellington, "Si ça sonne bien, c’est que c’est bon." Et ici, ça sonne délicieusement bien.

 
 ConclusionLes Mulidine Da Capo, l’élégance sonore par excellence

Mulidine Dacapo

Chez Opus 51, nous avons l’habitude de voir passer des enceintes d’exception, mais les Mulidine Da Capo nous ont réellement charmés. Plus qu’un simple produit, elles incarnent une vision audacieuse de l’écoute musicale : allier richesse sonore, esthétique raffinée et personnalité joyeuse.

Ces enceintes, conçues avec la précision et la sensibilité d’un artisan musicien, sont bien plus qu’un simple remplacement des légendaires Cadence. Elles redéfinissent les attentes, offrant une restitution sonore généreuse et vivante, capable de sublimer tous les genres musicaux. Grâce à leur caractère affirmé et leur exigence bienveillante, elles transforment chaque écoute en une expérience unique, immersive et mémorable.

Si vous recherchez des enceintes capables de vous transporter dans l’univers des grands compositeurs ou de révéler chaque nuance de vos albums préférés, les Mulidine Da Capo sont faites pour vous. Mais attention, elles ne pardonnent pas les associations hasardeuses : pour en tirer le meilleur, un amplificateur neutre et des câbles de qualité sont indispensables.

Chez Opus 51, nous sommes fiers de vous proposer cette pépite acoustique, parfaite pour les mélomanes exigeants et les audiophiles curieux. Venez les découvrir dans notre auditorium : préparez vos playlists et laissez-vous séduire par leur "caractère bon vivant" qui, sans nul doute, trouvera sa place dans votre intérieur et dans votre cœur.

Les Notes  :
 
   Fabrication : 17/20
   Image : 16/20
   Timbres : 16/20
   Dynamique : 16/20
   Transparence : 15/20 
   Qualité/Prix : 17/20


Les propos et les avis énoncés dans ce test n'engagent que l'auteur de ce test et en rien la société Opus 51. Les avis donnés ne concernent que le produit testé.

 

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