Quelques spécificités Intrada :
L'initiation du projet Intrada résidait dans l'édification d'enceintes capables, par le biais d'une sélection méticuleuse de matériaux appropriés, de proportions idéales et d'un agencement optimal, d'absorber efficacement les perturbations vibratoires indésirables engendrées par les haut-parleurs.
La phase subséquente consistait à trouver les haut-parleurs qui répondraient de manière optimale aux impératifs de qualité imposés par les créateurs. Après de nombreuses sessions d'écoute assidues, le choix des concepteurs s'est finalement porté sur ceux issus de la prestigieuse entreprise israélienne Morel.
Les enceintes Intrada arborent un évent Bass-reflex astucieusement placé à l'arrière, leur accord, hors des sentiers battus, procurant une immunité à toute résonance indésirable dans les basses fréquences.
L'implémentation d'un filtre exclusif d'une inventivité remarquable a rendu possible l'obtention d'une parfaite cohérence temporelle et d'un équilibre tonal irréprochable sur l'ensemble de la gamme de fréquences.
Caractéristiques techniques :
Conçues pour des surfaces de 10 à 40 m². Elles fonctionnent aussi bien avec des amplificateurs à transistors ou à tubes d'une puissance 2 x 10W et plus.
Enceinte acoustique deux voies.
Construction : composite naturel pour les éléments clés, Valchromat pour les autres éléments.
Efficacité mesurée en chambre semi anéchoïque : 86dB / 1W / 1m
Bande passante à -6dB : 30Hz-22kHz
Impédance nominale : 4 Ohm
Puissance nominale : 160 W
Fréquences de coupure : 3,9 kHz
Dimensions de l’enceinte : 850 x 197 x 302 mm
Poids: 16 kg
Tarif au 01/07/2023 : 2.950 euros ttc la paire
Lien Boutique Web : Intrada Lili
Mes impressions d'écoute :
Les jours estivaux touchent à leur crépuscule... Durant ces trois dernières semaines, je me suis plongé avec assiduité, voire excès, dans la découverte de nouveaux albums, sous le prétexte d'évaluer les performances des petites colonnes polonaises Intrada Lili. Les câbles adoptés étaient les tout nouveaux Black Rhodium Quickstep S. L'amplification, quant à elle, dans un jeu de chaises musicales, embrassa successivement le NAD M33, le Marantz Model 40, pour enfin se lover auprès du Serblin&Son Frankie.
La solitude bienvenue au sein des locaux d'Opus 51 en ce mois d'août confère l'opportunité d'apprécier les musiques qui me touchent particulièrement, et d'explorer les quatre nouveautés décrites à l'issue de cette critique.
La première fois que je me suis installé devant ces enceintes afin d’écouter quelques titres musicaux j’ai été surpris par la qualité scène sonore qu’elles déployaient dans le salon d’écoute, ici une pièce d’environ 20 m². J’avais l’impression d’écouter des enceintes bibliothèques haut de gamme qui dans leur grande majorité, dans de petits salons, installent une scène sonore plus convaincante que des enceintes de type colonne.
Cette impression lors de toutes mes écoutes ne fut jamais démentie. Que ce soit en termes de profondeur ou de largeur, la scène sonore reproduite par les Intrada Lili est d’une justesse jamais démentie. Lorsque j’ai écouté le Requiem de Kerensa Briggs, la disposition des différents éléments des choeurs était d’une précision chirurgicale et d’une stabilité inébranlable.
Je suis quasiment certain que de nombreux passionnés d'audio, lorsqu'ils se plongeront dans l'écoute des Intrada Lili, seront portés à considérer la restitution sonore comme légèrement matte... Cependant, il me semble qu'ils s'égarent, car leurs oreilles se sont, au fil des années, particulièrement en France, accoutumées à des enceintes qui exagèrent légèrement, voire de manière plus prononcée, le registre médium-aigu du spectre sonore. Cette tendance est bien éloignée de ce que l'amateur de musique peut appréhender dans une salle de concert, que ce soit en écoutant un ensemble symphonique ou bien un petit orchestre.
Lors de l'écoute de du bel enregistrement des œuvres de Vivaldi interprétées par le contre-ténor Tim Mead, j'ai pu véritablement savourer la manière dont les Intrada Lili restituent les multiples nuances de l'orchestre ainsi que les subtilités des timbres du chanteur. Ces enceintes acoustiques incarnent une justesse tonale impeccable, conférant à leur "chant" une élégance saisissante.
La phase acoustique (scène sonore) c’est fait, la fidélité sonore (choix des HP et accord avec le châssis) c’est fait. Ce qui reste à jauger, c'est la maîtrise de la dynamique, en particulier de la micro-dynamique. Il ne faut jamais oublier que la Musique est composée de couleurs et de variations de dynamique (définition simplifiée). Quoi de plus approprié que l'écoute d'un quatuor pour évaluer la capacité des Intrada Lili à reproduire les moindres nuances de dynamique ?
À cet effet, le huitième quatuor du compositeur russe (gros mot , désolé) Chostakovitch (vous l’écrivez comme vous le désirez) se révèle être un indicateur infaillible. Sur ce critère, nous allons vite calmer nootre élan, nous ne sommes en aucun cas à la hauteur de la prestation offerte par une Lawrence Audio Dove mais comparées à des modèles dans leur gamme tarifaire, les Intrada Lili s’en sortent vraiment avec les honneurs. Les archets attaques les cordes avec détermination, les subtilités des musiciens se révèlent avec une authenticité troublante, l'écoute se veut à la fois captivante, stimulante et fidèle... Que pourrait-on demander de plus ?
Conclusions :
N'oublions jamais qu'il s'agit ici d'enceintes vendues à un prix remarquablement compétitif, affichant un montant inférieur à 3 000 euros ttc la paire.
Après les avoir minutieusement écoutées et avoir effectué des comparaisons avec des enceintes situées dans une fourchette tarifaire allant de 2 500 euros à 5 000 euros, il est indéniable qu'elles se distinguent.
Leurs performances et leur fidélité sont plus qu'exceptionnelles au sein de cette gamme, laquelle ne compte que peu de produits véritablement convaincants.
Cerise sur le gâteau, je n'ai pas encore partagé l'expérience qu'elles m'ont procurée lors de mes sessions d'écoute.
Elles parviennent à envelopper l'auditeur et à le plonger dans une expérience d'écoute à la fois confortable et envoûtante, propice à une immersion musicale ininterrompue sur de longues heures.
Les graves, d'une précision saisissante et d'une profondeur enveloppante, s'harmonisent avec un médium velouté et des aigus dénués d'agressivité.
Tout cela confère aux Intrada Lili une position singulière dans l'univers de la Hi-Fi en 2023.
Les Notes :
Fabrication : 14/20
Image : 16/20
Timbres : 15/20
Dynamique : 15/20
Transparence : 16/20
Qualité/Prix : 20/20
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Quelques albums à découvrir :
Sacroprofano
Artistes : Tim Mead, Arcangelo and Jonathan Cohen
Paru le 20/01/2023 chez Alpha Classics
Genre : Baroque
Ce nouvel album de compositions de A. Vivaldi ne présente pas de premières discographiques, mais rassemble six œuvres remarquables illustrant la maturité du compositeur. Ces compositions mélangent le profane et le sacré pour souligner l'effacement des frontières stylistiques entre les deux domaines. Le contre-ténor Tim Mead, formé au King's College de Cambridge, démontre son talent virtuose à travers quatre pièces vocales et deux instrumentales. L'album inclut des pièces familières comme le Nisi Dominus, ainsi qu'un Salve Regina en sol mineur et deux cantates de chambre. Sous la direction de Jonathan Cohen, l'ensemble londonien Arcangelo, reconnu dans le monde baroque, joue avec brio au clavecin.
Cet enregistrement au niveau technique est un vrai sans faute !
Dmitri Shostakovich: String Quartets Nos. 4, 8 & 11
Artistes : Carducci String Quartet
Paru le 09/02/2015 chez Signum Records
Genre : Musique de chambre
Le jeune et talentueux quatuor à cordes britannique, Carducci, s'est spécialisé dans la musique de Chostakovitch, attirant un public nombreux avec leurs interprétations complètes de son cycle de quatuors et entamant l'enregistrement de cette série avec une sélection de trois œuvres représentatives.
La majorité des 15 quatuors à cordes composés par Chostakovitch ont vu le jour lors de la dernière phase de sa carrière, un choix de genre qui lui permettait de refléter ses réactions intérieures face aux diverses formes de conformité au régime communiste qu'il devait afficher en public.
Datant respectivement de 1949, 1960 et 1966, ces trois quatuors illustrent différentes facettes de ses réactions intérieures.
Le quatuor Carducci capte particulièrement bien l'essence du Quatuor à cordes n°4 en ré majeur, op. 83, qui s'amorce dans une ambiance pastorale enjouée semblant spécialement conçue pour le Réalisme socialiste, avant de décliner rapidement en une tonalité plus sombre, Chostakovitch concluant par l'une de ses finales marquées par des influences juives, une allusion subtile à Staline et son antisémitisme croissant.
Le Quatuor à cordes n°8 en ut mineur, op. 110, figure parmi les œuvres les plus interprétées de Chostakovitch. Il est dédié aux "victimes du fascisme et de la guerre", mais révèle rapidement que Chostakovitch se considère lui-même comme une victime et que le totalitarisme d'une portée plus locale est évoqué.
Les musiciens Carducci excellent également dans l'interprétation du Quatuor à cordes n°11 en fa mineur, op. 122, une série unique d'éclats sardoniques brefs rappelant le langage musical tardif de Beethoven.
Malgré une acoustique d'église imparfaite, cet enregistrement présente une interprétation passionnante de la musique de Chostakovitch.
Kerensa Briggs : Requiem
Artistes principaux : Joseph Fort The Choir of King’s College London
Paru le 26/05/2023 chez Delphian Records
Genre : Classique Contemporain
La jeune compositrice Kerensa Briggs, jeune trentenaire lors de la parution de cet album au printemps de l'année 2023. Cet enregistrement, rapidement, s'est vu rapidement atteindre le sommet des classements des meilleures ventes de musique classique. Cela n'a rien d'étonnant au vu des qualités de cette composition. Certes il 'sagit d'une musique liturgique tonale standard comme elles abondent outre-Manche. Cependant, approfondissez votre écoute, et d'autres subtilités se dévoileront. Les mélodies de Briggs sont d'une facture particulière, imprégnées de chant (chant anglican, non du grégorien). Ces mélodies, associées à des harmonies tendant vers l'école française de la fin du XIXe siècle, se révèlent dans leur forme la plus pure à travers le Prélude sur "Pange Lingua" pour orgue, offrant ainsi à l'auditeur une idée fondamentale de ce qu'il s'apprête à découvrir. Dans les pièces chorales, cette symbiose engendre un langage souple et expressif d'une beauté exquise. Les morceaux denses tels que le Libera me et l'éthéré In paradisum, qui achèvent la messe, témoignent de la virtuosité de Briggs à éviter habilement toute solennité préconçue (en dépit du sujet) couramment observée dans ce type de composition ; le Sanctus, par exemple, revêt une allégresse positive, tandis que le Lux aeterna dévie du Requiem classique en adoptant un texte biblique anglais, et que l'œuvre Inner Light, puisée du Tao Te Ching chinois, s'affranchit de la religion chrétienne.
Briggs ne pouvait espérer de soutien plus empreint de bienveillance que celui qu'elle reçoit ici de la part du Chœur du King's College de Londres (dont Briggs elle-même est une ancienne élève), sous la direction attentive de Joseph Fort. Celui-ci confère au chœur une sonorité opulente en parfaite harmonie avec la voix magnifique de la mezzo-soprano Anita Monserrat.
Les amateurs de compositeurs tels que Karl Jenkins goûteront certainement cette musique, mais au fond, elle propose une langue chorale nouvelle et rafraîchissante.
Le temps suspendu
Artistes : David El-Malek, Quentin Ghomari & Franck Agulhon
Paru le 18/08/2023 chez Trebim Music
Genre : Jazz contemporain
Pour cet enregistrement Diego Imbert renoue avec ses compagnons de longue date, David El-Malek, Quentin Ghomari et Franck Agulhon, pour créer un répertoire spécialement conçu pour cette formation, dont les nombreux concerts au fil des années ont façonné un son distinctif. Enregistré en décembre 2022 chez Joël Fajerman, l'album intitulé "Le temps suspendu" commémore le centenaire de la disparition de Marcel Proust, dont l'œuvre explore la temporalité, la mémoire émotionnelle et le rôle de l'art dans la création de mondes uniques. Les riches phrases de l'écrivain offrent au compositeur et aux musiciens une matière propice à la création d'une musique évoquant des souvenirs lointains. Guidé par des années d'expérimentation musicale en concert, le quartet de Diego Imbert développe une direction artistique mettant en avant l'interaction, la réactivité et la prise de risques au cœur de leur expression collective, tout en accordant une attention particulière à la conception lumineuse pour une expérience scénique complète. S'inspirant de diverses influences musicales telles que Dave Holland, Wayne Shorter, Steve Reich et Debussy, l'écriture pour ce quartet acoustique sans instruments harmoniques explore la fusion des timbres, la répétition et la superposition des instruments, offrant une couleur musicale spécifique à cette formation, rappelant les ensembles de Gerry Mulligan avec Chet Baker ou le quartet d'Ornette Coleman avec Don Cherry, Charlie Haden et Billy Higgins.
Les propos et les avis énoncés dans ce test n'engagent que l'auteur de ce test et en rien la société Opus 51. Les avis donnés ne concernent que le produit testé.